mardi 6 mai 2014

Road Trip dans le Sud-Ouest Américain // n*2: Sedona


Au départ de Flagstaff, Arizona, nous partons pour une journée à Sedona. Comptez environ 45 minutes de route. Après quelques lacets pour descendre dans le canyon, on se retrouve dans une vallée d'abord très étroite et verdoyante. Puis on arrive dans la petite ville de Sedona. On s'y arrête juste quelques minutes pour acheter de quoi manger pour pique-niquer, et on continue juste un peu plus loin vers le Sud jusqu'à la Chapel of the Holy Cross (Chapelle Sainte Croix). C'est un joli point de vue avec une mini chapelle moderne, construite en 1957, au sommet d'une petite butte. Un tout petit chemin de terre part du parking et vous écarte un peu de la masse de touristes qui vient grimper jusqu'au point de vue. On s'y avance juste pour quelques minutes, pour profiter du paysage. Le contraste entre la végétation luxuriante et les formations de roches rouges qui vous entourent est ce qui rend cet endroit si beau à mon avis. C'est différent des paysages désertiques typiques du coin.


Vue sur les mesas depuis la Chapelle Sainte Croix





Après ce court arrêt nous continuons à descendre vers le sud, jusqu'au parking situé juste au nord du village de Oak Creek. Le chemin de randonnée (4,5 miles soit un peu plus de 7 km) fait le tour de Bell Rock et de Courthouse Butte, deux immenses rochers, dont l'un est reconnu pour être un "vortex spirituel". Beaucoup de gens en quête d'harmonie spirituelle viennent à Bell Rock pour se ressourcer. Sedona est considérée comme une capitale du "New Age", et son industrie touristique est specialisée pour les adeptes de ce courant spirituel. On peut grimper en haut de Bell Rock, on peut aussi simplement en faire le tour. Nous avons croisé peu de gens sur la boucle de 7 kilomètres. Ca n'a rendu l'expérience que plus agréable. En plus le chemin est plus ou moins plat tout du long.


 

Au final, une très bonne mise en bouche pour la suite du périple... Je recommende vivement le détour.

vendredi 2 mai 2014

Partie de Rodéo au pénitentier!

Matt Mayfield Photography
Bienvenue à "Angola", le Pénitencier d'Etat de Louisiane, la plus grande prison haute sécurité des Etats-Unis. Oui... rien que ça. Ça fait rêver n’est-ce pas? C'est aussi la seule prison habilitée à appliquer la peine de mort en Louisiane. On est à une heure et quinze minutes au nord de Baton Rouge, entouré de trois cotés par le Mississippi et de l'autre par une forêt infestée de serpents.

Pour la petite histoire, le site était autrefois occupé par une ancienne plantation dont la plupart des esclaves était originaire de l’Angola, en Afrique. Puis, fin 19ème, début 20ème, l’Etat de Louisiane achète un certain nombre des ces plantations pour les reconvertir en pénitenciers. Le même style de culture y est opéré par les prisonniers, principalement coton et canne à sucre. 

Fait désolant, par tête, la Louisiane seule emprisonne plus de gens que n'importe quelle autre nation dans le monde... 
Au début des années 1990, la Louisiane a reçu un ordre de la Cour Fédérale de réduire le surpeuplement des prisons d'Etat. Parce que pas d'argent au niveau de l'Etat, le Départment des Corrections a encouragé les Shériffs locaux et des entreprises privées à construire de nouvelles prisons, en leur permettant de récupérer une partie des profits à venir. Le tout est donc devenu un business. Il y a aujourd'hui 160 prisons locales (pour 12 prisons d'Etat). L'Etat paye les Shériffs environ 25 dollars par jour et par détenu. Ce qui veut dire qu'il reste pas grand chose après avoir payé la nourriture, l'hébergement et les coûts de personnels. Le profit est utilisé pour acheter des voitures de patrouille, des armes, des gilets par balles, etc... Et bien sur il ne reste plus rien pour financer des programmes qui seraient bénéfiques aux prisonniers. Bref si le nombre de détenus baisse, le Shériff gagne moins d'argent, des postes sont supprimés. Les lobbys font bien en sorte de faire capoter toute réforme qui permettrait d'avoir moins de criminels derrière les barreaux. La moitié des prisonniers en Louisiane est incarcérée dans ces prisons locales, alors qu'il n'y en avait qu'un quart au début des années 1990. Ils sont souvent transférés d'une prison à l'autre pour combler les trous et sans recevoir aucune opportunité de réhabilitation, ce qui on imagine bien, ne réduit pas leur chances de récidive. Seules les prisons d'Etat offrent des programmes pour apprendre mécanique, soudure, plomberie et autre techniques qui pourraient etre utile pour apprendre un métier. Mais les prisons d'Etat n'accueillent que les durs des durs qui, eux, ne sont souvent jamais remis en liberté. Le comble...

La Louisiane est un des six Etats ou l'incarcération à perpétuité est donnée sans possibilité de liberté conditionnelle. Les sentences y sont beaucoup plus lourdes qu'ailleurs. Un vol a main armée peut mettre quelqu'un en prison à vie, pareil pour une troisième condamnation pour possession ou traffic de drogue. Un cambrioleur de voiture récidiviste peut se prendre 24 ans de prison sans liberté conditionelle. Les prisons locales qui ont foisonnées dans les régions rurales de Louisiane sont pleines de gens qui ont été condamnés pour des crimes non violents genre possession de drogue, vol, ou signature de chèques sans provision. Et alors que la population carcérale a doublé, la Nouvelle Orléans est toujours leader de la Nation en nombre d'homicides. Bref ça tourne pas rond du tout!

Sur ce triste constat, revenons à notre Rodéo à Angola...

AP Photos/Gerald Herbert
A Angola, on retrouve les pires des pires, meurtriers, violeurs et autres condamnés à des sentences très longues.  La prison compte plus de 5000 prisonniers, et plus des trois quarts sont condamnés à perpétuité ou ont des sentences telles qu'ils y resteront toute leur vie. C'est le pourcentage de condamnés à perpétuité le plus haut des Etats-Unis. 

Tous les dimanches d'Octobre et le troisième Dimanche d'Avril, Angola organise un rodéo et une vente d'artisanat. Les prisonniers les plus physiquement aptes peuvent participer aux épreuves du rodéo s'ils le souhaitent, et d'autres vendent au public des objets qu'ils ont fabriqué pendant l'année. Selon le degré de confiance que les prisonniers on gagné, ils vendent leur marchandise directement derrière leur stand, en se mêlant librement aux visiteurs, comme au marché, ou bien ils sont derrière un grillage, avec leur marchandise étalée de ton coté du grillage. Il y a beaucoup de sculptures, meubles et jeux en bois, des peintures, des bijoux, des objets en cuir, etc... Se balader au milieu des prisonniers, pour moi ça fait bizarre. Néanmoins je suis ressortie avec un très beau vase en bois brut, signé du nom de l'artiste. Un pote m'a demandé plus tard si j'avais cherché le nom du mec sur Google pour voir pourquoi il s'était fait emprisonné... On peut faire ça... ou pas... 

AP Photos/Gerald Herbert
Pendant deux heures, les prisonniers participent à plusieurs jeux. Le hula hoop, par exemple, qui consiste à être le dernier debout dans son hula hoop sans se faire renverser par le taureau. Ou la partie de Poker, ou quatre prisonniers sont assis à une table à jouer aux cartes, jusqu'a ce que le taureau soit lancé dans l'arène et vienne tout démonter. Il y a aussi les épreuves classiques à celui qui restera le plus longtemps sur le dos de taureaux ou chevaux qui ruent comme des fous. Déjà pas facile pour les professionels alors j'imagine même pas pour des gens sans entraînement... Beaucoup se font mal. Leur motivation: de maigres prix à gagner: de l'argent, un bon steak pour diner, des boucles de ceinture, ou un article dans le journal de la prison.

AP Photos/Gerald Herbert

Là le but était d'attraper le truc rouge entre les cornes du taureau...
AP Photos/Gerald Herbert
Advocate Photo/Mark H. Hunter
Cette année les revenus générés par le rodéo étaient estimés à 4 millions de dollars. Les profits sont réinvestis dans des services comme des programmes d'éducation pour les prisonniers.  
Pour info, il est interdit d'apporter appareil photo ou téléphone portable dans l'enceinte de la prison. Tout doit être laissé dans la voiture. Pourtant j'en ai vu plusieurs tricher et avoir leur téléphone avec eux, un peu dégoutée de pas avoir pu prendre de photos.

AP Photos/Gerald Herbert