samedi 19 septembre 2015

Cette semaine en Louisiane n*2

Desfois c'est pour des petits trucs tout simples que je les affectionne particulièrement bien ces Américains de Louisiane...  Cette semaine en tous cas ils m'ont fait sourire plus d'une fois.

Quand hier au milieu d'un échange d'email au boulot, on me parle en français

Bob: "Enclosed is a memo and drawings of a proposal for two additions on a one family residence in the Garden District. Please review and comment. We read the new CZO as requiring 40% permeable space in HU-RD-1."

Moi: "You are correct. For lots that have a lot width superior to 40 feet, the Minimum Permeable Open Space required is 40% of the lot area. I will forward your plans to the stormwater planners to see if they have additional comments."

Bob: "Ca marche pour moi. 40% permeable minimum. Merci"

Quand ils sont tellement en colère après leur gouverneur, leur police et toute leur classe politique qu'ils réclament que la France les rachète

Pendant Mardi Gras de l'année 2006, le premier après Katrina, la célèbre parade satirique de "Krewe du Vieux" a défiler dans les rues avec un de ses chars représentant un mime dans une cage surmontée d'une pancarte lisant "Rachète-nous Chirac!" 


Je suis tombée là dessus l'autre jour en regardant (enfin!) la série Tremé. Dans un des trois ou quatre premiers épisodes de la première saison, on voit des acteurs du film participer à cette parade, une des plus osées et politiquement incorrecte de toutes les parades de Mardi Gras. J'ai ensuite recherché sur internet des photos de cette parade de 2006 et suis tombée sur les mêmes que celles montrées dans la série.


Quand les gens aiment tellement leur chien qu'ils en mettent un drapeau devant chez eux

Les Américains aiment bien faire flotter leur drapeau devant chex eux, c'est patriotique, ça fait bien. Ils aiment bien aussi fêter toutes les occasions possibles de l'année. Du coup on voit souvent des drapeaux pour célébrer pâques ou la venue du printemps ou que sais-je. Et puis ils aiment bien aussi fêter toutes personne ou animal pour qui ils ont une affection particulière. Du coup tu vois parfois des stickers "J'aime mon Rottweiler" collés sur le pare-brise arrière d'une voiture, ou comme mon voisin, tu fais savoir à tout ton quartier que tu adores ton teckel. Ca me fait sourire à chaque fois que je passe devant chez eux! 



Quand ils se décident enfin à manifester

Lundi au boulot, du septième étage de l'hotel de ville, on entend des gens gueuler dehors sur le parvis. Je ne comprend pas un mot de ce qu'ils revendiquent, mais c'est assez pour m'empêcher de me concentrer sur ce que j'ai à faire. Je m'approche de la fenêtre pour voir un petit groupe d'une trentaines de manifestants, marcher en rond sur le parvis de la mairie avec leurs pancartes que je n'arrivent pas à lire. Les Américains, ils ne défilent pas dans toute la ville quand ils font la grève, ils tournent en rond ou de long en large devant le bâtiment où ils bossent s'ils manifestent contre leurs boss, ou devant la mairie par exemple, s'ils attendent que le maire change une loi, comme c'était le cas ici. Cette trentaine de chauffeurs de taxi étaient en train de faire la grève pour que le maire interdise Uber dans la Nouvelle-Orléans. Ca a duré environ une heure. Alors les pauvres il va falloir leur expliquer comment manifester de manière efficace, mais bon quand même ça fait chaud au coeur! ;)

jeudi 3 septembre 2015

Ouragan Katrina // Le témoignage de Kristen

Pour moi c'est un peu surréaliste de savoir que certains de mes amis proches ont vécu de près Katrina. Heureusement aucun d'entre eux ne faisaient partis de ceux qui sont restés à la Nouvelle-Orléans pendant la tragédie. Tous ont quand même des histoires pas banales à raconter. Parce qu'elle a bien voulu me mettre son histoire sur papier et me donner tout pleins de photos prises par sa famille, j'ai traduit celle de Kristen.



Kristen a 32 ans et est une des mes très bonnes amies. Elle a grandit à Chalmette, à l'Est de la Nouvelle Orléans, dans la paroisse de Saint Bernard. Elle vit maintenant à Baton Rouge où est elle est informaticienne. Sur cette photo elle est accompagnée de son père, Ronald, et son grand-père, Nathan.






“Toute ma vie j’ai eu affaire à des ouragans. Quand j’étais plus jeune, ils n’ont jamais vraiment été un gros problème. C’était seulement une excuse de plus pour ne pas aller à l’école, ou pour aller rendre visite à mes grands-parents. Au final on revenait toujours à la maison et tout se passait bien. De temps en temps, on voyait un arbre ou deux tomber sur une maison voisine, mais rien n’était jamais arrivé à la nôtre.


Juste avant Katrina, je venais de revenir à la maison après la fin d’un stage, et commençais ma première semaine de Master à la fac. Le jour avant que l’ouragan arrive sur nous, j’étais chez les parents de mon copain à Slidell, pour les aider à préparer leur maison à la tempête, avant qu’ils partent à Poplarville, dans le Mississippi, où ils avaient prévu d’attendre que la tempête passe. A l’origine j’étais censée aller avec eux, mais après avoir suivi le parcours de la tempête à la télé, je me suis rendu compte de la taille de l’ouragan et ai réalisé que l’oeil de la tempête se dirigeait droit vers Poplarville. Alors j’ai décidé de me diriger vers Denham Springs, à deux miles de Baton Rouge, et de rester avec toute ma famille. Nous étions 13 à rester chez mes grands-parents, toute la famille, de 2 à 80 ans.

On pensait que tout se passerait comme n’importe quel autre ouragan, mais on a vite appris qu’il en était autrement. Nous avions perdu le courant rapidement, mais nous avions prévu des jeux pour les enfants, des lampes de poches, des bougies, des lampes au kérosène partout dans la maison. On suivait les informations tout du long de la nuit, grâce à la télé et la radio qui fonctionnaient à pile et batterie. J’étais terrifiée pour la famille de mon copain mais aussi soulagée d’avoir décider de rester avec ma famille.
Le lendemain nous avons entendu aux infos qu’il y avait une montée d’eau venant du canal d’écoulement du Mississippi (Mississippi River gulf outlet, un canal qui joint le fleuve Mississippi au eaux du golfe, à l’est de la Nouvelle-Orléans), et que les digues s’affaiblissaient… Apparemment il y avait une barge mal fixée qui défonçait la digue. Cette digue était ce qui protégeait Chalmette, la ville où j’ai grandi et la ville où mon père vivait encore.


Puis c’est arrivé… La digue a cassé et l’eau s’est engoufrée dans la Nouvelle-Orléans et les villes alentours. C’était accablant de voir l’eau atteindre les toits de toutes ces maisons. A ce moment là tu penses à tous ces gens qui avaient décidé de rester chez eux. Où sont-ils? Comment vont-ils? Ont-ils des provisions suffisantes ? Un de mes meilleurs amis, Randy, avait décidé de rester sur place avec sa famille parce que sa mère travaillait à l’hôpital et devait rester avec les patients qui ne pouvaient pas être déplacés. J’ai essayé plusieurs fois de l’appeler mais il était impossible de joindre qui que ce soit par téléphone portable puisque toutes les tours de réception étaient hors service. J’ai essayé tous les jours et ce n’est qu’au troisième jour que j’ai finalement été capable de le joindre. Je me rappelle qu’il pleurait en me racontant son expérience. 


Ils avaient tous dû monter sur le toit, après avoir casser tous les distributeurs de nourriture dans la rue pour se faire des provisions. Tout devait être rationné puisqu’ils ne savaient pas combien de temps ils resteraient sans davantage de provisions pour le groupe.  Quelques chips toutes les quelques heures, une gorge d’eau par heure. Dans la chaleur louisianaise, c’est presque impossible. Il racontait qu’un bâteau de secours était venu vers eux, et comme il était costaud, on lui avait dit que les secours avaient besoin delui pour aider à sauver les gens bloqués sur leurs toits. Il fallait faire attention aux serpents et aux alligators, puisque ils était maintenant partout autour. Il fallait même faire attention à certains individus. Il est arrivé à quelques reprises que des personnes tirent des balles sur les équipes de sauvetage pour s’approprier les bâteaux. Il racontait aussi que de voir tous ces animaux morts était perturbant: Chiens, cerfs, même des chevaux et des vaches. Mais le pire a été de voir un premier corps humain. Là ses nerfs n’ont pas tenu le coup. Ils ont ramené les survivants à l’hôpital où sa famille se trouvait et les morts au lycée de Chalmette. Quand les secours sont enfin venu les secourir du toit de l’hôpital, ils leur ont dit qu’ils ne prenaient pas les animaux de compagnie. A l’époque ils avaient deux petits chiens. Ils ont pu glisser le mini Chihuahua discrètement dans le bateau dans un sac à main, mais ils étaient à peu près sûrs qu’ils ne reverraient jamais l’autre. Je crois que c’est 6 ou 8 mois plus tard qu’ils ont retrouvé le chien par l’intermédiaire d’un refuge en Caroline du Nord, qui essayait de réunir les animaux avec leurs maîtres après l’ouragan.” 

Il s'est écoulé un mois avant que le père de Kristen puisse revenir à Chalmette pour constater les dégâts dans son quartier.Voilà quelques une de ses photos. 






Entre les voitures restées perchées sur les toits, les bâteaux retrouvés au milieu des quartiers résidentiels, les rues recouvertes de 20 centimètres de boue, et même les piscines déterrées du sol, il m'est encore difficile de m'imaginer voir ça en vrai.









Dans tous ces quartiers à moitié abandonnés pendant des mois, les vols étaient fréquents. Ambiance Far West... "Si tu me voles je te tire dessus".

"Ivrognes avec des flingues! Vous pillez, on tire"


"Ain't dere no more", ou comment se dit "It's not there anymore" avec l'accent et la grammaire typiques du sud des Etats-Unis... Cela veut simplement dire... C'est plus là.