Quelle vaste tâche
de parler des différences culturelles! J’ai regroupé tellement de sujets à évoquer,
essayé
de faire des catégories moi-même, pour y aller par petit bouts. Et
puis on se rend vite compte que chaque petit bout explique un autre petit bout,
et ça
devient vite super compliqué à mettre en ordre! Alors je me
suis rappelée ce super bouquin de Pascal Baudry, Français et Américains,
l’Autre Rive, que j’ai d’ailleurs recommandé à de nombreuses personnes. Mais
je suis à
peu près
sure que personne ne s’est encore lancé dedans, alors pour me faciliter la tâche,
je vais me servir de son approche à lui. Et je vais vous copier beaucoup
de ce qu’il explique lui, puisque c’est déjà parfaitement bien fait. Après
tout, ça
sert à
rien de ré-inventer
la roue.
La société américaine est explicite,
contrairement à la France qui est un pays de communication implicite. En
France beaucoup de choses ne se disent pas, elles sont sous-entendues, alors
que les ricains sont super directs. “Pour pouvoir assimiler en quelque deux siècles,
dans un pays aussi étendu que l’Europe, des millions d’étrangers, dont beaucoup ne
maitrisaient pas la langue, il a fallu établir une culture où
l’on peut poser une question quand on ne sait pas, sans être jugé sur le fait même
d’avoir posé
cette question ou sur la façon dont on l’a posée,
et s’attendre à recevoir une réponse vraie, formulée
au même
niveau que la question posée, de manière à pouvoir agir efficacement
aussitôt.”
La honte de devoir lever la main
en classe, ou partout ailleurs, pour demander un truc, c’est qu’à
moi que ça
rappelle des choses?
“De plus, les Pères
fondateurs de la nation américaine ont voulu prendre le contre-pied de la culture régalienne
anglaise, avec sa verticalité et ses abus. Pour ce faire, ils ont
mis en place un système de checks and balances, c’est-a-dire un ensemble de
procédures
qui empêchent
qu’une quelconque des trois branches de gouvernment puisse exercer un pouvoir
excessif; ce système repose sur une grande transparence et nécessite
donc un effort constant d’explicitation. Ainsi, partant d’une culture anglaise
très
orientée
vers l’implicite, aboutit-on à l’une des cultures les plus
explicites de la planète. A l’inverse, une culture ancienne, apparemment non
favorable à
l’assimilation d’étrangers, pourra se payer le luxe de vous juger sur la
question posée
(nature et qualité, mode d’expression, pertinence contextuelle, inférence
sur votre niveau de maîtrise, etc.), de ne pas situer sa réponse au niveau de la question
posée,
de répondre
avec des sous-entendus critiques ou moqueurs, voire de ne pas répondre
du tout. On fera ainsi sentir a l’étranger qu’il doit en quelque sorte
gagner le droit d’entrer dans la culture française, ce qui s’obtiendra par
une maîtrise
progressive des règles tacites, l’amenant – progressivement et à
ses risque et périls – à comprendre la culture de l’intérieur
puis à
se comporter comme les autochtones, y compris dans la non-explication des règles
a l’égard
de ceux qui n’ont pas déjà été initiés.”
Pascal Baudry explique aussi que
comme dans la norme implicite française, il y a un décalage entre ce qui est dit et
ce qui est signifié, il vient se loger entre les deux un tas de trucs
(allusion, référence
historique partagée, désir, risque de malentendu, etc.) Du coup, dans la communication, le
contexte est plus important que le contenu. A l'inverse, aux US, les choses sont toujours expliquées dans le détail. A un point que desfois ça parait ridicule (du point de vue d'un Français, qui va croire qu'on le prend pour un imbécile).
De cette différence d'importance pour le contexte et le contenu, on retrouve, au delà du domaine de la communication, tout un tas de disparités... du type:
De cette différence d'importance pour le contexte et le contenu, on retrouve, au delà du domaine de la communication, tout un tas de disparités... du type:
- Les Français portent plus d’attention au cadre de travail, alors que les Américains peuvent bosser des heures dans des bureaux sans fenêtres;
- Les Américains utilisent des phrases courtes qui vont droit au but. Moi, je me souviens encore de l’art de broder des phrases de quatres lignes qui servent a rien pendant toute ma scolarité;
- En France on met des jolis monuments dans les villes, on enterrent les fils électriques. En Amérique, on aiment bien les feux rouges qui pendouillent au milieu du carrefour, on te met des panneaux d’affichage monstres partout pour être sûr de bien passer le message, et on construit des plans de villes en damier quelque soit le relief.
Chez les Américains c’est tout blanc ou tout noir, il y a les bons, et les méchants, et pas trop de nuance entre les deux. Si ça rentre pas dans une case ça dérange, alors que chez nous tout est beaucoup plus nuancé. Il est bien connu que les français aiment bien philosopher, et théorisent TOUT. En revanche, les ricains sont super pragmatiques, et du coup ça les rendrait plus efficaces. Enfin ça, d'un point de vue français, ça se discute... Parce que, très souvent, voilà leur manque de sens critique! Si c’est pas mauvais, c’est Good et vice versa. Alors ça donne des résultats plus vite, oui, mais toujours les bons? Mais bon, justement je vais pas philosopher là-dessus! Je sais, en tous cas, que j’en ai fais chier plus d’un avec ma théorie à la française. Pour un ricain, une proposition est soit vraie, soit fausse. La phrase type “Oui, mais…” ou “Non, mais…” ça les rend fous! Nous les français, on joue beaucoup dans les nuances de gris… Eux, préfèrent aller plus efficacement vers l’action.
“De tout cela, il résulte
que le Français
sera plus attiré par le complexe, et l’Américain par le simple.”
Pour finir, je vais encore une
fois citer
le bouquin, parce que c’est tellement bourré d’info que je peux pas m’arrêter:
“Le français
ne fut pas pendant plusieurs siècles la langue des cours d’Europe
parce que ce serait la langue la plus précise, comme on a voulu le faire
croire, mais parce que c’est la langue qui permet d’être le plus précisément
imprécis.”
Salut,
RépondreSupprimerMerci pour cet article et la découverte de ce livre. J'ai adoré la dernière citation "la langue qui permet d’être le plus précisément imprécis.". Je crois que je vais trouver ce livre et le lire !
Sara
Contente qu'il t'es ete utile! Je te recommende vivement le bouquin. C'est le plus complet que j'ai lu sur le sujet! En plus il est dispo en francais et en anglais, si jamais tu voulais le partager avec d'autres...
SupprimerTes articles sont super ! J'ai particulièrement apprécié celui-ci et je vais lire le livre !
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